La prélature de l'Opus Dei fête sa trentième année le 28 novembre.
À l’occasion de cet anniversaire, nous vous proposons de relire de
larges extraits de l’interview de Monseigneur Francesco Monterisi. Il
était jusqu’en 2009 le secrétaire de la Congrégation pour les évêques,
le dicastère du Vatican dont dépendent les prélatures.
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Mgr Francesco Monterisi |
À quelques mois du 25ème anniversaire, l’on peut déjà commencer à tirer
le bilan du travail que les membres de la prélature ont réalisé au cours
de cette période. Le Serviteur de Dieu Jean Paul II, dans un discours
prononcé il y a cinq ans, a rappelé que l’appartenance des fidèles laïcs
tant à leur propre diocèse qu’à l’Opus Dei « fait que la mission
particulière de la Prélature conflue avec l'engagement d'évangélisation
de chaque Église particulière ».
Quelle raison a poussé Jean Paul II à recourir pour la première fois à
la figure de la prélature personnelle prévue par le concile, et à
l’appliquer précisément à l’Opus Dei ?
Pour répondre à cette question, il faudrait commencer par décrire
comment se présentait l’Opus Dei aux yeux du Saint-Père et de l’Église,
au moment où s’est posée la question de sa reconnaissance de la part du
Saint-Siège.
L’Opus Dei, qui est né en 1928 dans le cœur et dans la tête de saint
Josémaria Escriva, était une œuvre apostolique nouvelle, originale, avec
quelques particularités qu’il était nécessaire de prendre en compte à
l’heure de sa reconnaissance dans l’ordonnancement juridique de
l’Église, c’est à dire dans le droit canonique.
En effet, il y avait des milliers de fidèles dispersés dans les diocèses
des cinq continents qui avaient fait leur l’idéal de vie proposé par
saint Josémaria, idéal consistant à répondre à l’appel à la
sanctification et à l’apostolat dans les réalités ordinaires de la vie.
Ces fidèles avaient besoin d’une aide pastorale spécifique pour parvenir
à cet objectif, et de plus il y avait un bon nombre de prêtres qui,
selon l’inspiration du fondateur de l’Opus Dei lui-même, s’étaient
sentis appelés par le Seigneur, comme prêtres séculiers et non comme
religieux, à exercer leur ministère parmi ces laïcs qui recherchent la
sainteté dans les réalités ordinaires.
Enfin, l’on voyait nécessaire de confier cette nouvelle réalité
apostolique à la direction d’une personne, le prélat, qui coordonne avec
ses collaborateurs la vie et l’action de l’Opus Dei dans le monde
entier. Ce sont ces éléments qui ont conduit à donner à l’Opus Dei la
figure juridique particulière de la prélature personnelle.
Il suffit de lire la constitution apostolique Ut Sit, par laquelle fut
érigé l’Opus Dei en 1982, pour se rendre compte que la figure de la
prélature personnelle est la plus adéquate pour que l’Opus Dei, tel
qu’il a été conçu par saint Josémaria Escriva à la lumière de sa
profonde spiritualité, puisse accomplir sa mission dans l’Église.
Il y a-t-il dans l’Église d’autres prélatures personnelles, en plus de l’Opus Dei ?
Pour l’instant, non. Mais rien n’empêche qu’il puisse en avoir d’autres
dans l’avenir : le Saint-Siège les érigera si elles ont les
caractéristiques formelles propres à cette institution juridique, telle
qu’elle est restée configurée dans le droit de l’Église.
Certains croient voir dans la figure juridique de la prélature personnelle un certain statut « d’indépendance ». Qu’en est-il ?
La figure de la prélature n’est pas une « formule d’indépendance »,
comme on le dit parfois, c’est justement tout le contraire. C’est une
réponse concrète de la hiérarchie ecclésiastique à une nécessité
pastorale spécifique.
Lorsque Jean Paul II a érigé la Prélature, ni les fidèles ni les
activités de formation de l’Opus Dei ne sont devenues « indépendantes »
de la hiérarchie ecclésiastique. Au contraire, la hiérarchie a assumé le
soin de cette réalité par l’intermédiaire d’un prélat nommé par le
Pape. Le prélat a la charge de guider la prélature en communion avec
tous les évêques. En même temps, il a l’obligation de maintenir l’Opus
Dei et toutes ses activités en communion avec le Saint-Père, « cum et
sub Petro ».
La communion avec le Saint-Siège se manifeste par quelques obligations
très précises, comme le fait de présenter tous les cinq ans un état de
la prélature, ou de maintenir des contacts bien déterminés avec les
dicastères de la Curie Romaine, en particulier avec la congrégation
compétente en ce qui concerne la prélature elle même, c’est à dire la
Congrégation pour les évêques.
Du reste, pour les laïcs de l’Opus Dei, le fait d’être membre de la
prélature n’altère en rien leur condition de fidèles de leurs diocèses.
Au contraire, ils sont encore plus conscients de leur appartenance à
l’Église, à commencer par l’Église particulière dans laquelle ils vivent
et travaillent.
Les fruits apostoliques de l’Opus Dei profitent aux diocèses dans
lesquels les fidèles de la prélature résident : cela est arrivé très
souvent, par exemple, que l’apostolat personnel d’un fidèle de l’Opus
Dei donne lieu à la conversion d’un ami, d’un collègue ou d’un parent.
L’engagement des laïcs de l’Opus Dei, leur travail dans des activités
apostoliques et sociales, leurs initiatives, sont un stimulant pour les
autres fidèles, et cela signifie un accroissement spirituel dans le
diocèse.
L’expérience de ces années de présence de la prélature de l’Opus Dei
dans tant de diocèses du monde entier confirme la réalité d’un travail
apostolique intense en communion avec les évêques diocésains. Cette
communion se concrétise dans des modes et des formes très divers, mais
la volonté, de la part de la prélature de l’Opus Dei, d’être en syntonie
avec tous les évêques des diocèses où elle travaille est la même
partout.
Dans ce sens, et à titre de conclusion, on peut dire que la prélature personnelle contribue à enrichir la communion de l’Église
Dans quelle mesure la figure juridique de la prélature de l’Opus Dei renforce le rôle des laïcs ?
L’Opus Dei est né pour favoriser l’apostolat de ses membres laïcs dans
la vie ordinaire. Il s’était déjà développé dans le monde avant
l’érection de la prélature et comptait sur les fidèles laïcs engagés
dans la mise en pratique de cet idéal dans la vie familiale, dans le
monde du travail et dans les autres réalités de la vie quotidienne.
La figure de la prélature, de la même façon que les autres figures des
circonscriptions ecclésiastiques, permet – comme l’a dit Jean Paul II
dans le Discours que j’ai mentionné en répondant à la première question –
« la convergence organique de prêtres et de laïcs » pour le bien de
l’Église et le progrès du Royaume de Dieu.
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